La Montagne - 19/04/2021

 Tribunal

Déchaînement de violence sur le parking d'une résidence, à Clermont-Ferrand : trois voisins condamnés

Déchaînement de violence sur le parking d'une résidence, à Clermont-Ferrand : trois voisins condamnés
Le tribunal a tenté d'éclaircir le déclenchement assez obscur de ce déchaînement de violences. © MARQUET Frédéric
Une place de stationnement, une serpe, des coups et de graves blessures. Trois voisins étaient jugés, ce lundi, au tribunal, après une rixe au pied d'un immeuble de la rue des Hauts de Chanturgue.

L’un des prévenus arbore un coquard. Le deuxième a la main dans le plâtre, le dernier un grand pansement au niveau du bras. Cinq jours après la rixe qui a opposé ces trois habitants d’une résidence des Hauts de Chanturgue, à Clermont-Ferrand, la tension semble être retombée. Mais l’extrême violence des coups est encore perceptible.

« Cette affaire a pris une des proportions phénoménales. Ce qui m'intéresse, c'est ce que vous allez faire maintenant. Car vous vivez tous les uns à côté des autres.

ISABELLE FERRET, PRÉSIDENTE DE L'AUDIENCE

« Tout ça pour un motif bidon… », reconnaît l’un des prévenus. Ce motif ? Une place de parking privée, au pied d’un immeuble, sur laquelle une infirmière, par mégarde, vient se garer. Mécontente, la propriétaire de la place décide de la bloquer.

Il saisit une serpe

C’est à ce moment que les trois prévenus, étrangers au différend, font leur apparition. Il y a là le beau-père de la propriétaire de l’emplacement, âgé de 55 ans et deux autres voisins, âgés de 41 et 35 ans, visiblement choqués par le sort de l’infirmière.
« Les deux sont venus vers moi en courant et en m’insultant », affirme le quinquagénaire. Il est poursuivi pour avoir saisi une serpe dans le coffre de sa voiture et grièvement blessé les deux plus jeunes prévenus. Ces derniers, en retour, l’ont roué de coups. L’épouse du quinquagénaire, en s’interposant, a subi des blessures qui lui ont valu 45 jours d’ITT.

Un lourd bilan. Et de nombreuses questions. « Pourquoi cela part comme ça alors qu’au départ, d’après l’infirmière, il n’y avait pas d’animosité », s’interroge Isabelle Ferret. « Ce n’est pas dans la personnalité de mon client de saisir une serpette », souligne Me Anthony D’Aversa Adolph, avocat du quinquagénaire. Il a eu le sentiment d’être agressé. Il aurait suffi aux deux autres de rester à distance. »

Légitime défense ?

L’argument fait bondir Me Mohamed Khanifar, qui défend le quadragénaire. « On plaisante ou quoi ! Il n’y a pas eu de menace, pas d’agressivité de la part de mon client. Le coup de serpe qu’il a pris aurait pu être mortel. »

La peur, c’est aussi ce qui aurait animé le trentenaire. Me Karine Lechelon, son avocate, plaide la légitime défense. « Il est face à un homme armé qui a déjà blessé son ami. L’adrénaline faisant, il assène un coup de poing, un coup de pied et c’est tout. »

Mais pour Marlène Roch, au parquet, « tous ont une part de responsabilité, à des degrés différents et aucun ne relève de la légitime défense. » Au terme d’une audience éprouvante, où chacun a fait vœu d’apaisement, l’auteur des coups de serpe est condamné à un an de prison avec sursis, le quadragénaire à huit mois assortis d’un sursis probatoire de 18 mois et le trentenaire à six mois assortis d’un sursis probatoire d’un an.

Olivier Choruszko

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